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Après quinze ans au service des artistes, Philippe SAUVAN-MAGNET vous invite à partager son expérience à travers ces chroniques et guides gratuits. N'hésitez pas à réagir et à compléter ces informations par votre propre expérience.


L'ARTISTE 2.0 - LES CHRONIQUES DE PHILIPPE SAUVAN-MAGNET

Ce texte m'a été envoyé par Nicolle Esterolle, et il m'a semblé important de vous le faire partager, tant ce texte conforte notre action et la nécessité de faire bouger les lignes...
 

Merde à DUCHAMP, par Pierre Cramoisan, introduction de Nicole Esterolle
 

C’est le titre d’un article incroyable paru récemment dans la très littéraire revue des Archers à Marseille. Il est signé Jean-Pierre Cramoisan, écrivain et poète de son état.

C’est un texte magnifique, imparable, virtuose, inventif, érudit, drôle autant que sérieux et maîtrisé, très documenté autant qu’informatif, époustouflant de vérité, tonique et percutant comme jamais vu…Merci Jean-Pierre tu es un grand poète ! Merci pour le courage que tu as d’avoir à affronter les fatwa des ayatollas intégristes du duchampisme marseillais, qui pullulent dans la ville depuis que celle-ci à été capitale européenne de la culture soviéto-capitaliste

Ce texte récapitulatif à valeur hautement littéraire autant qu’historique, mérite ample diffusion. Et c’est pour cela que je l’ai « mis en ligne » sur mon site schtroumpf-emergent.com.
Il est assez long (une trentaine de feuillets) mais prenez votre temps pour le lire et le déguster. Imprimez-le. Faites-le suivre aux amis, tout ou partie.

Je vous place ci-dessous un extrait de cette merveille, pour vous mettre en appétit….Mais cramponnez-vous au bastingage !

Nicole Esterolle

 

« Reprendre toute la communauté duchampienne est une besogne tout aussi infernale que vertigineuse : on n’arrivera jamais à démêler cette grappe de crabes, ces illusionnistes de l’ordinaire, ces vanités solidement agrippées comme des tiques à leurs certitudes. Ils ont le carnet d’adresses avec des noms qui leur ressemblent, la servilité et les idées consensuelles qui nous restent en travers de la gorge.

Vous les artistes fauchés qui bossez dans des ateliers de merde, sans lumière, pourris d’humidité, vous qui vous gelez les miches quand l’hiver arrive, ne voyez-vous pas la route qui vous a été tracée par vos illustres aînés pour atteindre la notoriété et atterrir dans les grands espaces dédiés à l’art contemporain. Vous n’avez sans doute pas l’esprit assez caressant, le discours suffisamment dilué, le culot intact pour affronter les rendez-vous des grandes biennales d’art.

Trop d’artistes tue l’art. Chaque année découvre de nouveaux « talents ». Vous n’êtes pas assez Basel, bande de blaireauteurs ! Comment voulez-vous qu’on vous prenne au sérieux avec vos pinceaux, vos couleurs et vos archéo affutiaux des Beaux-Arts. Tout cela est révolu, désuet, encavé, d’un autre temps. Vous avez loupé la marche civilisatrice du mauvais goût. Vous n’avez rien compris. Tant pis pour vous !

Dans les milieux sirupeux où se développe l’allergie à toute forme de création picturale, entendez par là celle qui ne pratique pas la fascination pour l’objet et sa géantitude menant à l’immensitude crétinerie, celle qui révolutionne par son audace, enthousiasme, endiable, s’ajuste pile-poil à son époque, séduit par son intraitable dénonciation, celle enfin qui est baptisée à coups de millions de dollars dans les salons avant-gardisants, le marché, les institutions, les milieux souasoua où les néo-artistes font des ronds de chapeau pour conquérir l’espace, séduire galeristes, collectionneurs, courtiser les conseillers des fondations et les conservateurs de musées, dans ces cénacles-là, ceux de l’indigence d’une bien triste pensée consensuelle, force est de constater que vous n’aurez aucune chance. Leurs accumulations vous barrent le passage. Quand on les entend jaboter entre eux, c’est fou comme ils peuvent s’aimer, être solidaires, fraternels, amitieux, et si en plus on ajoute qu’ils adorent entendre des autres ce qu’ils pensent d’eux-mêmes, ils ne se sentent plus de joie, l’expansion de leur ego déshydraté n’a plus de limites : les voilà au bord de l’épectase, les grandes orgues leur abalourdissent la tête, ils frissonnent en se faisant des bisous-bisous, se souhaitant bien du courage, l’art est un tel châtiment de l’endurance, un tel purgatoire pour vieilles lunes dépeignées qu’il faut se palucher ensemble, se faire du flafla, quitte à servir le même fatigant et monotone refrain, les mêmes idées dépoilées, tout cela accompagné de cet onctueux galimatias viril et courtois qui entretien une servilité de façade. Plus ils sont ratiboisés des méninges, éreintés par la pratique de toutes sortes de courbettes et de platitudes, plus ils se resserrent au creux de cette bonne vieille modernité qui les unit. Moribonds moins au bord de l’abîme que dans les cocktails où s’étale la foireuse pensée autorisée, les voilà qui déballent toute une enfilade de redites où ils se targuent d’avoir dépassé le vieux Marcel ou détourné quelques faiseurs de génie du temps où la peinture était encore un art. Réfractaires au néant, aventuriers de l’âme perdue, retors au réel, prudents dans l’effort et la ferveur, ils préfèrent pimenter leurs discours de quelques énormités de bon aloi, cette chose inouïe dont tout le monde parle sans que l’on sache vraiment de quoi il s’agit, ces mièvreries dont ils raffolent : l’évolution de la société, le sexe, la dénonciation de la culture à la papa. Ces artistes-là sont reconnus comme la conscience du monde, la fine fleur de l’intelligence au service de la lucidité. Dans cet aréopage contemporain où l’art atteint des Everest de stupidité, la duperie, l’imposture, la transgression d’opérette et le détournement prennent des allures de terreur menaçante. Malheur au ringard qui ose porter l’estocade ! Honte à celui qui critique la critique ! Hors les spécialistes point de salut ! C’en est fini de lui, relégué à tout jamais dans l’insignifiance des embués du ciboulot, des rassis du rachis, des mous de la comprenette, des peine-à-réfléchir. L’idée même du beau fait tache ! Leur truc, ou plutôt leur tour de passe-passe, n’a qu’une fonction : vous méduser, vous tétaniser en vous démontrant que votre pitoyable regard n’est pas à la hauteur du monde marchand où l’objet manufacturé est d’un chic culte innovant, des fois que vous soyez cons au point de ne pas avoir retenu la leçon de génie du plombier R.Mutt. Vous faut-il un dessin pour qu’enfin vous entendiez cette chose élémentaire : un artiste peut se saisir de n’importe quoi pour produire, avec une sublime indifférence, une œuvre d’art.

Vous êtes d’une autre époque, d’un temps où l’art générait une émotion, cet effluve de l’âme que vous n’avez jamais respiré. Mais attention, un nom c’est aussi fugace que la survie d’un élastique. Gare aux artistes confirmés qui un jour pourraient bien le reprendre dans la gueule. En attendant, vous sucerez les pissenlits par la racine. N’importe, vous serez soulagés de n’avoir ni roté leur modernité ni crevé d’ennui sur le tas d’âneries de leurs tristes ambitions. ».





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