Après quinze ans au service des artistes, Philippe SAUVAN-MAGNET vous invite à partager son expérience à travers ces chroniques et guides gratuits. N'hésitez pas à réagir et à compléter ces informations par votre propre expérience.
C’est le titre d’un best-seller, sorti aux
Etats-Unis quelques semaines après la mort du fondateur d’Apple.
La mécanique du livre est simple : voici un homme qui a révolutionné
à quatre reprises l’industrie de l’informatique, puis de la musique
et de la téléphonie, et fait de sa société, créée quand il était
étudiant, l’entreprise la plus prospère au monde.
Serait-ce par hasard ? Ou bien y a-t-il dans sa démarche des
méthodes et des concepts dont feraient bien de s’inspirer tous les
créateurs, les porteurs de projet, les entrepreneurs…
Ma trajectoire a croisé celle de Steve Jobs dans les locaux de la
société NEXT Computers en 1990, alors qu’il cherchait à nous
convaincre de porter nos logiciels sur ses nouvelles machines. Cette
rencontre a profondément modifié ma façon de voir le monde, mon
travail et mon organisation personnelle.
Je crois le moment venu de se poser la question suivante : si Steve
Jobs s’était passionné pour les arts visuels au lieu de s’intéresser
à la musique qu’aurait-il fait ? Comment aurait-il résumé le projet
en un Tweet pour le rendre compréhensible à tous ? Qu’elle grande
histoire aurait-il imaginé pour rendre le projet populaire ?
Aurait-il réussi à nous convaincre qu’il était en train de changer
la vie des gens pour le meilleur en réorganisant le marché de l’art
à sa manière ? Comment aurait-il réussi à transformer tous les
premiers clients en ambassadeurs de ses idées, pour aider à les
propager dans leurs cercles ?
Dans le reste de cet ouvrage, j’aurai toujours à l’esprit cette
question : qu’aurait fait Steve Jobs pour relancer le marché des
arts visuels, et rendre aux artistes la place centrale qui leur
revient, comme il l’a fait pour les musiciens en 2001.
Dans les années 80 et 90, la création musicale
était sous la domination exclusive des majors. Pour vendre sa
musique, un musicien devait trouver un éditeur qui accepte de
prendre en charge les coûts de réalisation, fabrication et
distribution d’un CD.
Les coûts élevés de la mise sur le marché d’un tel produit culturel
faisaient que seuls les musiciens connus, capables de faire un CD «
bankable », trouvaient un éditeur.
Les radios, traditionnelles plateforme de lancement d’un disque
fraichement pressé, ne pouvaient pas diffuser plus d’une centaine de
titres sur une journée. D’où la tentation de ne passer que les hits,
les titres stars, garants d’un bon audimat.
Le principe était le même chez les distributeurs : pour qu’une
société comme la FNAc accepte de mettre à produit au catalogue, il
fallait que les espérances de vente dépassent de loin les coûts
fixes de mise sur le marché. Et comme un magasin FNAC ne pouvait pas
raisonnablement proposer plus de quelques milliers de CD dans ces
bacs, des centaines de milliers de musiciens restaient exclus d’un
accès au marché pour leur musique.
Cette situation n’est pas sans rappeler celle des artistes peintres
en 2015 : les galeries d’art sérieuses ne sont pas nombreuses, et
donnent accès au marché à quelques milliers d’artistes. Des dizaines
de milliers d’autres restent inconnus, ne trouvent pas de marchand
pour s’occuper d’eux, et les œuvres sont en stock dans les ateliers.
L’arrivée d’Internet à la fin des années 90 a fait souffler un vent
de panique sur cette industrie. Le piratage était devenu monnaie
courante et les sites de téléchargements illégaux se sont mis à
foisonner. Les majors voyaient leur ventes baisser, tandis que les
musiciens indépendants n’arrivaient pas à tirer profit de ce nouveau
média, faute d’outil pour protéger et facturer leurs titres.
En 2000, Steve Jobs, grand amateur de musique,
améliore le concept du « baladeur », dont le marché était détenu
majoritairement à l’époque par Sony et son « Walkman », à cassettes
dans les années 80, puis à CD par la suite.
L’accroche de l’IPod était : « dix mille chansons dans votre poche
».
Mais ce qui a surtout révolutionné le marché, c’est l’arrivée du
logiciel ITunes qui permettait à tout un chacun de télécharger la
musique au titre, et non plus de s’obliger à acheter tout un CD.
Qui peut me citer un second titre sur le disque « Hôtel California »
? Probablement pas plus de 5% des lecteurs de cet ouvrage. A
l’époque il fallait acheter 15 chansons pour pouvoir en écouter une.
Avec ITunes, c’était terminé, il devenait possible de n’acheter que
le titre convoité.
La complexité pour Apple à l’époque n’a pas été le développement du
logiciel et des serveurs destinés à stocker et à délivrer la
musique. La difficulté a été de convaincre les majors, propriétaires
des enregistrements de 99% de la musique disponible, d’accepter
cette vente au titre. Tout autre que Steve Jobs se serait cassé les
dents sur ce challenge, mais on ne résistait pas longtemps au
pouvoir de persuasion de ce génie du marketing.
Dorénavant, il n’est plus besoin d’écouter les radios pour découvrir
de nouveaux titres. ITunes vous propose de découvrir des centaines
de milliers de titres, et vous proposant en priorité de que vous
avez le plus de chance d’aimer grâce à des outils qui classifient et
organisent les titres par familles et par genre.
C'est tout l'enjeu du développement du moteur de
recherche
Visual-Arts-Explorer.com que nous avons entrepris en 2006
avec l'aide de l'historien d'art Francis Parent, pour approfondir
une idée originale de la "carte du tendre" proposée par Pierre
Souchaud voici déjà deux décennies. Grâce à cette technologie,
l'amateur d'art peut trouver en quelques clics l'oeuvres qui a le
plus de chance de lui plaire. Tout comme avec iTunes on peut trouver
un titre musical...
Il ne fait pas de doute pour moi que nous n'arriverons pas à reprendre la main sur le rouleau compresseur de l'Art Contemporain sans des outils puissants et performants. il nous faut un iTunes pour promouvoir et diffuser les arts visuels. Oui mais voilà, une oeuvre d'art est un objet réel, pas un fichier mp3 que l'on peut télécharger.
A nous d'innover, et de trouver les bonnes solutions.
Nous travaillons tous les jours à améliorer
Visual-Arts-Explorer.com avec le concours de plusieurs
centaines d'artistes qui nous ont fait confiance en participant à ce
projet depuis plusieurs années.
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